Course à pied

Pourquoi les ultra-traileurs marchent : explications alors que s'est élancée la reine des courses de la Volvic Volcanic Expérience

Pourquoi les ultra-traileurs marchent : explications alors que s'est élancée la reine des courses de la Volvic Volcanic Expérience
Comme les autres ultra-traileurs, François D’Haene, le parrain de la VVX marche, mais plus vite… © Dorian Loubiere

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Au moment où s’élance la « XGTV » 2024, l’une des plus grandes épreuves françaises de la course à pied nature, l’heure est à la démythification. Même les seigneurs du trail marchent. Et ils l’expliquent.

Un contact au sol sépare la noble course de l’ordinaire marche à pied. Mais l’opposition des valeurs, si elle sied à la route, n’a pas sa place dans le monde inclassable du trail. Bien au contraire. Et le coordinateur de course de la VVX, Damien Poulet, le pose d’entrée : « Personne ne fait que courir ; Kilian Jornet et François D’Haene marchent tous les deux ».

Pourquoi les ultra-traileurs ne courent-ils pas tout le temps ? « Ils peuvent essayer », sourit amusé François D’Haene, la référence française. Question candide, il est vrai, à laquelle le Vichyssois Alexandre Béraud, lauréat 2022 de la XGTV, confronte l’évidence : « Tout simplement parce que ce n’est pas possible. On a tous une limite physiologique ».

En raison de la distance

La distance d’un ultra-trail reste en débat. Certains s’entendent sur un parcours supérieur à 42,195 km, d’autres à 65 km, la plupart au-delà des 80 km. Toujours est-il que la mesure de l’épreuve en milieu naturel laisse d’elle-même comprendre le recours à la marche.

Et qui dit distance dit temps. L’Ultra-Trail du Mont-Blanc, course que Kilian Jornet considère comme la plus prestigieuse au monde, l’équivalent en kilomètres de quatre marathons, se gagne en plus de 19 heures, la Hardrock 100 dans le Colorado, en plus de 21 heures, la Diagonale des Fous au-delà des 23 heures.

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Sur la XGTV, en 2022 - les mauvaises conditions météo de l’an passé ayant réduit la distance officielle de 224 km à 195 km, bouclés en 28 h 21’01’’ par le Volvicois Yvan Rossignol (6,84 km/h) - Alexandre Béraud s’imposait en 33 h 23’28’’, à 6,59 km/h de moyenne, et la Clermontoise Valérie Levai côté filles, en 56 h 42’24’’ (3,88 km/h) soit deux nuits à la belle étoile. Quant à François D’Haene, il s’offrait, sans rival, le 110 km en 9 h 41’ 30’’ à l’impressionnante vitesse de 11,35 km/h.

Certes, objectera le néophyte, en athlétisme, le record du monde des 24 heures pointe à 319,614 km et la « réf » française à 272,217 km. Sauf que la compétition se court uniquement sur le plat. Ce qui n’est pas vraiment le cas en ultra…

Pour faire face au dénivelé

Pour Damien Poulet, c’est très clair : « À partir d’un certain pourcentage (de dénivelé), le corps ne peut pas courir ou sur une courte distance. Monter le Sancy en courant peu de coureurs en sont capables ».

Quand la pente s’élève, en effet, marcher s’impose mais là aussi sans règle fixe. « Le pourcentage retenu dépend de chacun, explique François D’Haene, selon la façon de courir, cycle arrière, cycle avant, la taille, la pose du pied… ». Le traileur embraye donc sur la marche en fonction du degré (10 %, 20 %…) ou de la longueur de la côte.

En fait, le rapport distance-dénivelé dicte l’effort. La XGTV en donne un parfait exemple. La partie cantalienne, qui propose 2.000 m D + sur les 36 premiers kilomètres, puis, au milieu, celle du Massif du Sancy sont plutôt « marchées » ; la traversée du Cézallier et la majorité de la Chaîne des Puys, courues.

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Après l’Expérience Grande Traversée Volcanic (départ donné à 10 heures, ce mercredi matin, à la station du Lioran), les cinq autres trails de la VVX 2024 partent du site du Goulet à Volvic, ce vendredi.
À 4 heures, départ de l'Expérience Chaîne des Puys-Faille de Limagne (112 km) ; à 6 heures, Expérience Terra Volcana (82 km) ; à 8 heures, Expérience Impluvium de Volvic (46 km) ; à 9 h 30, Expérience Volcanique (28 km) ; à 10 heures Expérience Pierre de Lave (15 km).

Un rapport que François D’Haene raffine : « Il y a le dénivelé et la technicité, insiste le quadruple vainqueur de l’UTMB. Sur les chemins hyper-techniques même en courant on va moins vite ». « S’il y a des gros cailloux comme dans le Cantal, renchérit le Thermal Béraud, il faut plutôt marcher ». Illustration parfaite : UTMB et Diagonale des Fous présentent une distance (170 km) et un dénivelé (plus de 10.000 m D+) similaires mais le premier se décroche en 3 heures de moins.

Réduire la dépense énergétique

Plus on court, plus la dépense énergétique augmente et encore plus avec la vitesse. Or, pour reprendre l’image combative d’Alexandre Béraud, « on part avec des cartouches autour de la ceinture et il faut en garder ». Sous peine de reddition.

La perte de calories, jusqu’à 30 % en moins à distance égale, n’est qu’une partie de l’économie proposée par la marche. Car celle-ci, rapide ou non, fait appel à une autre filière. Musculaire et tendineuse. Grosso modo du travail du quadriceps à celui du mollet. De quoi répartir un tantinet l’effort d’allure.

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Encore une fois, François D’Haene approfondit le principe général : « Il faut aussi comprendre que marcher ou courir peut produire la même dépense énergétique et savoir que le changement fatigue, que son excès est à éviter ». À noter également, le coût énergétique s’allège grâce aux bâtons. Outils de propulsion, ils soulagent l’effort fourni par les jambes, mais demeurent interdits sur le Sancy.

Dans une optique de vitesse

Résumé : pour passer sous les barrières horaires ou à l’opposé jouer la gagne, c’est-à-dire aller le plus vite possible, en ultra, il faut lisser l’effort. Dans cette gestion, la marche est complémentaire à la course. « L’élément capital, considère le traceur Damien Poulet, c’est l’alternance rando - course, avec par exemple des relances fortes après une montée, afin de réaliser une bonne moyenne de vitesse entre plat, descente et montée »

Rester en prise s’avère fondamental. Pour Alexandre Béraud, le rythme de cette alternance a un guide : « La première des clefs, c’est de garder la même intensité cardiaque ». François D’Haene synthétise : « La clef est dans l’alternance ; surtout, il faut trouver son allure pour maîtriser sa dépense énergétique ». A lui le mot de la fin : « L’important, c’est de se connaître ».

Francis Laporte

La "XGTV" ou 224 km pour 8.400 m de dénivelé positifLe Vichyssois Alexandre Béraud a remporté la "XGTV" en 2022.

Expérience Grande Traversée Volcanic. Ce mercredi matin (10 heures). Ils seront 62 (60 hommes et 2 femmes), ce mercredi, à prendre le départ de l’Expérience Grande Traversée en solo et 26 en duo (dont 4 féminines). Logiquement limitée en nombre, la reine des courses de la Volvic Volcanic Experience monte sur le podium des plus longs ultras français. Est-ce son parcours tracé (et couru en « off » à l’automne dernier en 49 heures) par le coordinateur de course volvicois Damien Poulet à travers le parc naturel des volcans d’Auvergne ? Toujours est-il que l’épreuve hors norme qui s’étire du Lioran à Volvic a souvent souri à un Auvergnat : le coureur de Volvic Natura Trail Yvan Rossignol l’an dernier ou le Vichyssois Alexandre Béraud (notre photo) et la Clermontoise Valérie Levai en 2022.

 


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