Confinement

Cécile Coulon, loir volcan

Cécile Coulon, loir volcan
Dans son appartement clermontois, Cécile Coulon ne s’ennuie pas. Paresseuse ? Bien au contraire. Mais la sportive n’avance plus au même rythme que l’autrice.

Même chez elle, la Clermontoise Cécile Coulon reste très active. Elle livre ici ses questionnements actuels, sur son travail d’autrice primée et en vue, et sa pratique sportive, plus précisément de « course à pied », passion à laquelle elle a déjà consacré deux ouvrages (*), roman et essai. Un entretien où l’on parle sorties réduites, PPG, montées d’escalier et esprit en éveil… Avec, bien évidemment, du saint-­nectaire au ravito.

Vous dites souvent qu’écrire et courir sont chez vous, complémentaires...

« Oui, et la corrélation sport­-écriture est toujours là, toujours aussi forte, même en période de confinement, après une adaptation nécessaire de 8­10 jours, où je n’ai rien fait, je n’ai pas écrit une ligne. Parce que j’étais dans un état de sidération absolue. Et comme j’étais molle du corps, j’étais molle aussi du cerveau, en imagination. Je me suis donc fait un programme journalier d’activités, de travail, et un programme sportif, comme une façon de remettre un peu d’huile dans les rouages. Maintenant, c’est reparti et chaque jour, je m’oblige à écrire 3 pages, de ce point de vue-­là, la période actuelle me fait même prendre de l’avance… Avec un jour par semaine, sans écriture ni sport. Certains doivent écrire avec du whisky et des clopes, moi j’ai besoin d’endorphine (hormone sécrétée lorsqu’on fait du sport qui place dans une situation de bien­être, ndlr), j’ai vraiment besoin de cette sensation de bien-­être, de confiance en soi. »

« Appartenir aux grands espaces me manque »

Côté course à pied ?

« C’est un peu compliqué par rapport à avant, évidemment, parce que, c’est différent en pleine campagne, mais quand on est en ville, il vaut mieux éviter. Donc je sors courir mais 2 fois 45 minutes par semaine au lieu de 4 fois 1 heure, et surtout quand et là où il n’y a personne, tôt le matin ou tard le soir. Comme ça, je n’ai pas l’impression d’être un danger pour les autres. Même si je sors pour une raison qui n’est pas vitale alors que des sportifs de haut niveau restent chez eux alors que c’est leur métier… La stigmatisation, du coup, je la comprends parfaitement. »

J’ai cru comprendre… des séances de côtes dans votre escalier ?

« (rires) Pour faire du fractionné sans sortir. J’habite au 5e étage sans ascenseur, donc autant le monter en courant, 3 aller-­retours. Bon, je n’ai vraiment pas l’air fin quand je fais ça et la première fois, ça m’a mise dans un état pas possible, alors qu’il y a un mois de cela, je pouvais aligner mes séances de fractionnés aux Cézeaux sans problème. Mais c’est bon pour le cœur… »

À part courir ?

« Comme je bouge moins, je suis plus rapidement fatiguée et pour ne pas sortir de cette période comme une chiffe molle, je fais des choses que je ne faisais pas : renforcement musculaire, exercices avec des bandes de résistance, PPG, intervalles. C’est un jour sur deux, sinon, je deviens dingue ! Tout ça permet de rester chez soi, sur son tapis et d’être fatigué à la fin comme si on avait couru 10 kilomètres. Mais sans faire n’importe quoi parce que ce n’est pas le moment de se blesser, en pensant au personnel soignant... »

« Il faut dire aux sportifs qu’il faut mettre du fromage sur les pâtes. Pasta­party tous les jours ! »

Qu’est-ce qui vous manque le plus ?

« Le cadre. Le sentiment d’appartenir aux grands espaces. Là, quand je cours, c’est 1 km autour de chez moi, sur le plateau central. Même si sur mon parcours, passer devant la cathédrale, la nuit, m’émeut. Parce que c’est très beau, vraiment. Moi, d’ordinaire, quand je vais courir, c’est en pleine nature, les volcans, les crêtes... Et en même temps, en ville, la pollution a beaucoup diminué. Il y a, vraiment très agréable, une odeur d’air frais, d’air pur ! »

Côté nutrition, dur de freiner sur le saint-nectaire en ce moment, non ?

« (rires) Alors là, j’ai tout ce qu’il faut ! Et je vais totalement prêcher pour ma paroisse (la maman de Cécile Coulon est directrice de l’interprofession AOP Saint­Nectaire) mais la filière fromagère auvergnate souffre énormément en cette période… Il faut dire aux sportifs qu’il faut mettre du fromage sur les pâtes. Pasta­party tous les jours ! »

Assistiez-vous à des rencontres sportives ?

« À une époque, j’aimais bien aller voir du hockey, un ou deux matchs de foot, un meeting d’athlétisme. Après, le stade Michelin, même si je trouve cette effervescence assez agréable, je l’ai très rarement fréquenté. Sinon, boire une bière dans un bar en regardant un match, je trouve ça très bien mais en fait, je suis plutôt solitaire, dans mon activité et dans ma capacité à aimer le sport. »

Et le sport télé ?

« Pas de e­-sport mais honnêtement, j’ai une copine qui a ressorti sa console Wii, quand elle m’explique comment ça marche, ce n’est pas si mal ! Comme, maintenant, sur YouTube, tous les tutoriels de sport chez soi et ça, pour le coup, mon côté un peu sportif trouve ça bien. Mais je me fais surtout des replays de documentaires sur le sport, des finales, des relais d’athlétisme. Parfois, je regarde des séances de cross­fit, je me demande pourquoi ils font cela, ils sont complètement fous ! Et puis, je me dis que c’est pas plus c… que courir autour d’une piste. » 

 

(*) « Le cœur du Pélican », Viviane Hamy, 2015 ; « Petit éloge du running », Les nouvelles éditions François Bourrin, 2018. Dernier ouvrage : « Noir volcan », Le Castor Astral, 2020.

 

DECALE
Punch : Adepte des réseaux sociaux, Cécile Coulon y livre régulièrement son regard sur le sport. Sélection subjective.
Courir : 
1. Celles et ceux qui se sont mis(e)s à la course à pied depuis hier, on vous reconnaît, vous êtes les seul(e)s à courir en stan smith (19 mars).
2. Pour les joggeurs vegan ça va être compliqué de faire uniquement le tour du pâté de maison (17 mars).
3. ­Le type s’est foutu de ma gueule, il m’a complètement baladée ­ Cette chance (24 mars).
4. “J’atteste sur l’honneur que je fais du fractionné en côte dans ma cage d’escalier,àmoins de 100 mètres de mon domicile, pour que mon cul ne ressemble pas au relief du massif central d’ici deux semaines. Vous pouvez cependant me mettre une amende si je porte un legging imprimé ou un short parapente” (17 mars). 
5. Je veux bien courir chez moi mais les pantoufles ça glisse un peu (3 avril). 
Nager : Je relis Robinson Crusoé. Le gars se plaint alors qu’il n’a pas besoin d’attestation pour aller se baigner. Quel con (1 er avril). 
Fitness : 
1. toux, toux, you too (14 mars).
2. Ça va y aller, les replays Véronique et Davina (16 mars).
3. Moment fitness : j’ai tellement fait la planche dans mon salon que je peux me reconvertir en table basse (17 avril).
4. Pour garder la forme, le fitness à la maison et la musculation au poids du corps sont conseillés. Premier cours : ouvrir les pots de confiture de ma grand­mère (6 avril).
5. Ça va mal : j’ai adoré changer ma housse de couette (26 mars).
6. Est-­ce que se laver les dents, ça compte comme du sport ? (30 mars).
Récup : On me dit dans l’oreiller que c’est pas la peine de sortir du lit (15 mars).

Jean-Philippe Béal 


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